Cela reste tout juste 8 heures du matin ainsi que sombres nuages menacent le parcours de 20 kilometres qu’elle s’apprete a suivre.
« On vient feter notre retraite », plaisante l’expodologue, aupres de sa cherie Gisele. Les 2 sexagenaires lyonnaises, le teint hale via le soleil plombant une veille, ont cale leurs gui?re dans ceux de l’illustre ecrivain ecossais Robert Louis Stevenson. L’auteur de L’Ile au tresor a aussi ecrit un recit qui relate l’une des propres aventures : Voyage avec un ane au sein des Cevennes. En 1878, alors qu’il etait age de 27 ans, le fougueux jeune homme s’est lance dans un week-end a pied, avec 1 ane, depuis Notre Monastiersur- Gazeille (Haute-Loire) jusqu’a Saint-Jean-du-Gard (Gard). Il a parcouru quelque 200 kilometres en douze semaines, traversant quatre departements, la Haute-Loire, la Lozere, l’Ardeche et le Gard, au fl de paysages a couper le souffe. Un periple destine a soigner un chagrin d’amour. Pour Gisele et Agnes, aucun peine de coeur. Leurs maris nos attendent sagement au coin du feu, pendant que des deux marcheuses, amies de leurs 18 printemps, arpentent ce sentier qui attire En plus qui plus est d’amoureux une marche. On estime entre 8 000 et 9 000 le nombre de ceux qui l’ont emprunte en 2016. Un chiffre qui ne cesse de grimper d’annee en annee. Mes chambres d’hotes, hotels et campings se seront Du Reste structures autour d’une association pour accueillir tous les touristes qui, des le mois de mai, changeront de gite et de couvert chaque apri?m, des jambes alourdies. « J’adore l’itinerance », sourit Agnes, qui, en septembre dernier, a suivi le GR 20, ce chemin mythique – et tres diffcile – de quelque 200 kilometres a travers les montagnes corses. « On a tous les jours la surprise du lieu ou l’on va dormir, du paysage, des rencontres diverses. Et puis, c’est 1 def, on doit avoir une certaine endurance, faire travailler le mental : on est oblige d’y aller, aussi si moyen reste mauvais. Au fl une roule, on oublie bien et on se libere. »
Se couper du monde, vivre hors du temps, deconnecter, c’est cela motive aussi Stephanie. Cette educatrice sportive de 42 ans part chaque week-end crapahuter autour du Puy-en-Velay (Haute-Loire), sans objectif de performance. « si je marche, je suis dans la contemplation, je vis l’instant present, dans une forme d’abandon sans dire », analyse-t-elle. Et concernant i§a, haro dans le superfu et l’equipement high-tech dans lesquels Divers randonneurs aiment investir. « Je n’ai aucune GPS, je marche a l’ancienne, avec une carte IGN, explique-t-elle, un bonnet rose protegeant son crane alors de chaud. Je ne vois aucun interet a marcher avec la technologie qui nous pourrit la vie en permanence. » Alban et Clara, 26 ans, goutent aussi le calme d’la nature, mais n’ont pas pour autant abandonne un smartphone pour passer leur week-end dans le chemin de Stevenson. En revanche, ils ont choisi d’effectuer equipe avec Soprano, un ane gourmand qui tente de s’arreter a J’ai vue du moindre pissenlit. Chez les deux amoureux, elle vendeuse dans la foule bio, lui ingenieur en electrotechnique, l’amour de la rando, c’est hereditaire. « J’y ai ete habitue tout petit, avec faire mes parents qui randonnaient nombre – bon nombre trop, au passage, ironise Alban. C’est quelque peu comme les visites de chateaux : je trouvais ca soulant a l’epoque, mais maintenant, ca me plait. A Clara aussi. Et on n’est nullement les seuls. On a decouvert qu’on avait bien d’amis qui aiment marcher ! »
5,5 millions de Francais pratiquent regulierement la randonnee pedestre
Manque etonnant. Notre roule fera part des sports preferes des Francais. Ils sont entre 16 et 18 millions, selon les enquetes, a partir s’evader concernant de petites balades ou de veritables treks. Quelque 5,5 millions d’entre eux pratiquent d’ailleurs regulierement la randonnee pedestre, selon une etude BVA de 2016. « On observe un veritable engouement. Depuis quatre a 5 ans, le nombre de les licencies augmente de pres de 3 % par an pour atteindre 240 000 en 2016 », note Robert Azais, president de la Federation francaise de randonnee.
Ce sport doux se decline sous differentes formes. J’ai roule nordique, qui consiste a pousser sur des batons, comme lorsque l’on commode le ski de fond, attire nos sportifs. « C’est l’activite outdoor (en exterieur) et puis forte progression en Europe », assure Henry Kam, le createur de l’EuroNordicWalk Vercors, rassemblement europeen de roule nordique dont la cinquieme edition, en juin, devrait attirer de 4 500 a 5 000 personnes. Ce chef d’entreprise age de 65 ans, ancien marathonien et triathlete, pratique ce sport depuis quelques annees. « Lorsque je fais une quinzaine de kilometres sur trois heures avec des deniveles de 300 a 400 metres, c’est aussi fatigant que de courir un marathon, observe-t-il. C’est tres physique. » Mais beaucoup moins traumatisant pour les articulations que la course a pied. Plusieurs se laissent aussi tenter avec des randonnees couplees a des jeunes. Mais la derniere tendance s’appelle le longe-cote (lire l’encadre p. 49), une marche en immersion dans l’eau, le long des littoraux. J’ai discipline compte Actuellement pres de 6 000 licencies. Pourquoi 1 tel engouement ? « Notre marche est votre loisir simple, peu couteux, bon pour la sante, qui permet de bouger de l’isolement et de sugardaddymeet pc se rapprocher d’une nature, assure Robert Azais. C’est aussi le moyen, dans nos vies trepidantes, d’effectuer une rupture avec son quotidien Afin de s’aerer l’esprit. »
« C’est une forme de resistance a la tyrannie banalisee »
Notre sociologue David Le Breton ne pourrait que lui donner raison. L’universitaire, grand amoureux de la randonnee, a ecrit, en 2012, Marcher – Eloge des chemins et de la lenteur (Metailie), douze annees apres le Eloge d’la roule. Selon lui, le succes de cette pratique est du a plusieurs circonstances. « Nous sommes maintenant dans une humanite assise et immobile, explique-t-il. De nombreux nos contemporains passent leur temps libre dans leur voiture, derriere leur travail, devant leur ordinateur. La peau est peu a peu oublie, efface. Avec la marche, on rend le corps a Notre sensorialite du monde, a une relation physique. Nous sommes de plus et puis nombreux a nous sentir “bouffes” par l’ensemble des taches qui nous incombent, par le portable qui ne cesse de sonner et avec l’obligation de devoir rendre des comptes constamment. La marche, c’est une forme de resistance a la tyrannie banalisee, une maniere de retrouver le souffle, des moments d’apaisement et de jubilation. »